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03/08/2012 : CAMBRAI… !!!

Jour 539
Jour J

Revivez l’arrivée avec nous en vidéo !


Day 539
D-Day

Be part of our arrival in the videos !





Cambraiiiiiiiiiiiii !!!


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Jour 539
Jour J

Quelques vidéos le matin avant de franchir la ligne d’arrivée…


Day 539
D-Day

Few vidéos (in French) the morning before reaching the finish line…






Cambrai, population : 95

Jour 539 – 50 km
Jour-J

Les sacs accrochés, on sait qu’on monte sur les vélos pour la dernière fois. On se met alors à penser au retour, à la famille, au travail, à ce qui nous attend en Europe. On passe d’une hypothèse à l’autre, rapidement, sans vraiment pouvoir fixer son esprit sur un sujet en particulier. La route défile, réduite à une bande blanche un peu abstraite sur laquelle le regard s’accroche à peine. Au bout de quelques kilomètres on se fait peur : la dernière ligne droite sera-t-elle vaporeuse comme une vulgaire étape de désert ?
Hors de question.
Un peu à l’écart du bitume, abrité sous des arbres tordus, on tire d’une sacoche son baladeur. Écouteur sur les oreilles ; le silence se fait. Une voiture passe sans bruit. Lecture des favoris ; une guitare résonne. On pousse le volume. Un peu plus que de raison cette fois-ci…
La suite est plutôt confuse. L’Australie disparaît. Des branches forment un dôme végétal ? Nous sommes en Allemagne sur les routes de campagne. Un champ se perd à l’horizon ? Retour en Ukraine et Russie. Moutons, vaches et brebis ? Non, yaks des hauts plateaux tibétains du Qinghai. Les musiques s’enchaînent. Des instants forts du voyage resteront à jamais collés aux mélodies qu’on écoutait à ces moments-là. La mémoire revient, refrain après refrain : Pologne, Taklamakan, Kazahkstan, à chaque douleur son hymne, à chaque bonheur son harmonie.
La vitesse monte avec le tempo. Est-ce la perspective d’arriver ou les cris du chanteur qui font monter la pression ? Est-ce pour revivre une dernière fois le Kirghizstan qu’on se fait brûler les muscles dans les montées ? On hurle les couplets sans se soucier de qui les entendra. Les joues chauffent malgré le froid. Les jambes n’écoutent plus le cerveau. Est-ce la perspective de l’arrivée qui pompe l’adrénaline dans nos veines ? Est-ce vraiment le vent des descentes qui fait couler nos larmes ?
Puis arrive la dernière colline. À son sommet la vallée entière se dévoile. On s’arrête un instant. On regarde. On sait. On sait qu’au bout des zigzags il y a Sedan. On sait qu’après il y aura Cambrai. On sait qu’il n’y a plus de difficulté. Une tempête peut souffler, elle ne nous arrêtera pas. On sait qu’il n’y a plus qu’à se laisser aller dans l’aval. Nous avons franchi tous les obstacles. Nous avons esquivé tous les écueils. En surplombant la plaine, on sait qu’on a réussi son pari.
Tout en bas de la descente, le panneau blanc pointe vers une route de terre : « Cambrai, 13 km ». Un frisson…


Day 539 – 31 miles
D-day

Paniers hung, we know that ride the bicycles for the last time. We begin to think of the life back in France, the family, the job, what awaits us in Europe. We go from one hypothesis to the other, quickly, without being really able to keep our mind on a particular subject. The road goes on, reduced to an abstracted white strip on which the glance hardly hangs on. After a few miles we have to stop : will the final straight be as vaporous as a vulgar day in the desert ?
No way.
Away from the asphalt, sheltered under twisted trees, we pull of a bag our music player. Earphone on ears ; let there be silence. A car passes noiselessly. Favorite playlist ; a guitar screams. We push up the volume. A little more than we should this time…
After that, it gets rather vague. Australia disappears. Branches forms a green dome ? We are back on the German country roads. A field gets lost on the horizon ? Back in Ukraine and Russia. Sheeps, cows and ewe ? No, yaks of the Tibetan high plateaus of Qinghai. The great time of the journey will remain for ever stuck on the melodies which we listened to at these moments. Memory returns, tune after tune : Poland, Taklamakan, Kazahkstan, every pain its hymn, every happiness its harmony.
The speed rises with the tempo. Is it the prospect to arrive or the shouts of the singer that put the pressure ? Is it to feel like being in Kirghizia for a last time that we burn our muscles in the ascents ? We roar verses and chorus without caring about whom will hear them. Cheeks warm in spite of the cold. Legs do not listen to the brain any more. Is it the closeness of the arrival that pumps the adrenalin in our veins ? Is it really the wind of the descents that make tears rolling along our face ?
Then the last hill arrives. In its summit the whole valley comes to light. We stop for a moment. We look. We know. We know that at the end of the zigzags there is Sedan. We know that after it there will be Cambrai. We know that there is not difficulty anymore. A storm can blow, it will not stop us. We know that there is not more than a downhill now. We overcame all the obstacles. We dodged all the stumbling blocks. Looking to the plain, we know that we won our bet.
At the bottom of the descent, the white sign point towards a dirt road : « Cambrai, 13 kilometers ». A shiver…

Cambrai, 13km